La stimulation peut réveiller les souvenirs disparus!
Développée avec succès en France par le professeur Alim-Louis Benabid (CHU de Grenoble) dans le traitement de certaines formes de maladie de Parkinson, cette technique est aujourd'hui expérimentée pour soigner un nombre croissant de maladies telles que les obésités morbides ainsi que des affections neurologiques ou psychiatriques.
Les neurochirurgiens canadiens expliquent que durant la période où ils pratiquaient, au moyen d'électrodes intracérébrales, la stimulation d'une région très précise de l'hypothalamus, leur patient a subitement eu la perception d'une scène familière, vécue trente ans auparavant. "Il a retrouvé, en couleurs, le souvenir d'un épisode où il était dans un parc avec des amis, rapportent les auteurs de la publication. Il a reconnu sa petite amie de l'époque parmi les gens présents qu'il voyait marcher et entendait parler sans comprendre précisément ce qu'ils disaient. Lui-même observait la scène sans se voir."
Les auteurs rapportent, en outre, que la précision de cette impression de "déjà-vu" augmentait parallèlement à l'intensité de la stimulation. Différentes précautions méthodologiques ont été prises qui permettent, selon eux, d'affirmer que c'est bien cette forme de stimulation qui est directement à l'origine du phénomène. Ils ajoutent que la répétition de ces stimulations a conduit à une amélioration générale des capacités mnésiques : après trois semaines d'impulsions électriques, le patient montrait des performances accrues dans des tests d'apprentissage.
"Pour brève qu'elle soit, la publication de l'équipe canadienne est, à mon sens, très importante et soulève de très intéressants problèmes, souligne le professeur Benabid. L'effet secondaire mis en évidence est très probablement dû à la diffusion du courant électrique à des faisceaux voisins qui se projettent sur la zone voisine de l'hippocampe, ce qui peut interférer avec la mémoire et son évocation. C'est, selon moi, la première fois que l'on met en évidence la possibilité d'augmenter une fonction cérébrale qui n'était pas auparavant altérée."
Il faut toutefois, selon lui, bien se garder d'en déduire que l'on pourra traiter de la sorte les troubles de mémoire, à commencer par ceux dont souffrent les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer. Pour le professeur Benabid, il ne faut pas non plus interpréter cette observation neurophysiologique comme la démonstration que l'on pourra bientôt améliorer artificiellement certaines fonctions intellectuelles humaines.